Premier bébé belge né suite à une greffe d'utérus
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La première femme belge ayant subi une greffe d'utérus a donné naissance à un bébé en bonne santé à l’UZ Gent. Professeur Steven Weyers, chef du service médical de la Clinique des femmes et chercheur principal : « Nous avons parcouru un long chemin avec les parents. Nous les félicitons chaleureusement pour la naissance de leur bébé ».
Du screening à la naissance d'un bébé en bonne santé
L'Hôpital universitaire de Gand (UZ Gent) a réalisé une première greffe d'utérus en 2018 dans le cadre d'une étude pilote chez une femme souffrant du syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH). Les femmes atteintes de ce syndrome n'ont pas d'utérus ou présentent un utérus sous-développé, mais ont un ou deux ovaires contenant des ovules.
Le Pr Steven Weyers, gynécologue et chef de service à la Clinique des femmes, mais aussi chercheur principal de l'étude, commente le parcours : « Les parents ont d'abord participé à un screening médical et psychologique approfondi en 2016. Une fois qu'ils ont obtenu l'autorisation de participer à l'étude, nous avons entamé une procédure de fécondation in vitro chez la femme. Ses ovules et les spermatozoïdes de son partenaire ont été réunis au laboratoire de fécondation in vitro. Une fois que nous avons eu suffisamment d'embryons à congeler, nous avons pu procéder à la transplantation à la fin de l'année 2018 ».
« La transplantation et la convalescence se sont déroulées sans problème. Un an plus tard, lorsqu'il s'est avéré que l'utérus n'était pas rejeté et qu'il n'y avait pas de complications, nous avons commencé à transférer les embryons. »
« Le processus de fertilité a pris un peu plus de temps que prévu, mais nous sommes très heureux que la greffe ait abouti à la naissance d'un bébé en bonne santé, doté du matériel génétique des parents ».
La grossesse a fait l'objet d'un suivi intensif, avec une échographie bimensuelle avec doppler, des analyses sanguines régulières et un programme médicamenteux strict. Le bébé est venu au monde par césarienne après 37 semaines de grossesse. La maman se porte bien également.
Les parents partagent leur fierté:
'Pendant longtemps, tomber enceinte et porter mon propre enfant était un rêve impossible. Cette étude pilote nous a finalement offert cette opportunité de manière inattendue, et nous l'avons saisie à deux mains. Le parcours a été un défi, mais nous avons toujours pu compter sur le soutien solide et excellent de l'équipe de la Clinique des femmes. La naissance de notre bébé nous rend incroyablement heureux et fiers.'
Suivi après l'accouchement
Bientôt, l'utérus sera à nouveau retiré, car les médicaments contre le rejet de l'utérus transplanté comportent des risques à long terme. Les parents pourront également compter sur un accompagnement psychologique dans les années à venir.
L'équipe de pédiatres continuera de suivre le bébé pendant les premières années de sa vie. Levi Hoste, pédiatre : « D'après les résultats de la recherche internationale, nous ne nous attendons à aucun problème, mais en raison du caractère unique de la grossesse, nous tenons à surveiller de près la croissance, le système immunitaire et le développement général ».
Première et, pour l'instant, unique greffe d'utérus en Belgique
Au total, 20 patients ont pu participer à l'étude pilote, mais après la première greffe, aucun donneur compatible n'a été trouvé pour les autres participants jusqu'à présent.
Le Pr Dr Eric Hoste, coordinateur du Centre de transplantation, explique :
« Dans le cadre de l'étude, nous ne travaillons qu'avec des donneurs en état de mort cérébrale et selon des critères très stricts. Par conséquent, peu de donneurs sont éligibles. Grâce à une nouvelle technique de rinçage mécanique des organes, nous espérons pouvoir étendre dans les années à venir notre action aux donneurs décédés à la suite d'un arrêt cardiaque ».
En outre, nous allons demander à la Commission d'éthique médicale une extension pour le don du vivant », ajoute le Pr Weyers. « Des centres en Allemagne, en Suède et aux États-Unis ont déjà donné naissance à plusieurs bébés après une telle greffe d'utérus. La greffe en soi semble plus simple sur le plan logistique et plus couronnée de succès, mais les risques physiques et psychologiques pour le donneur sont un peu plus grands. L'intervention est effectivement beaucoup plus complexe qu'une ablation traditionnelle de l'utérus. Jusqu'à présent, cela semblait trop tôt, mais entre-temps, de plus en plus d'arguments plaident en faveur de la mise en place de ce système dans notre hôpital également ».
La gestation pour autrui comme alternative
Sur les onze couples participants qui ont été préparés à une greffe d'utérus, six candidats parents ont finalement opté pour la gestation pour autrui avec suivi à l'UZ Gent. Malgré l'absence d'un cadre juridique clair, le tabou sur la gestation pour autrui a fortement diminué ces dernières années et l'hôpital offre un soutien psychologique et médical pour accompagner les candidats parents et la femme porteuse.
Isabelle Stuyver, psychologue, comprend cette décision :
« Les candidats parents souhaitent avant tout être parents génétiquement, légalement et socialement, et vivre la grossesse et l'accouchement dans le cadre de leur relation. C'est pourquoi, dans un premier temps, ils ont préféré une greffe. Mais après plusieurs années passées sur la liste d'attente, ils ont à nouveau réfléchi. Six couples ont trouvé une femme porteuse au cours des dernières années et sont entre-temps devenus parents ».
L'étude actuelle pour la greffe d'utérus n'admet pour l'instant aucun nouveau candidat parent.
Les greffes d’utérus à travers le monde
L’UZ Gent était en 2018 le dixième centre dans le monde à réaliser une greffe d’utérus. Le Pr Dr Mats Brännström (Université de Göteborg) en a été le pionnier. Des études internationales ont entre-temps fait état d'un total de 135 greffes d'utérus et de 65 enfants nés après une transplantation.
Financement de l'étude
L'étude est en partie financée par le Fonds pour l’Innovation et la Recherche clinique (Fonds voor Innovatie en Klinisch Onderzoek) de l’UZ Gent.
Karlien Wouters